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Quelques réflexions sur

l’habitat et le design

Le terme d’architecture d’intérieur peut paraître réducteur en ce qu’il semble entraîner une dissociation avec le monde extérieur. Comme si l’intérieur d’une maison ou d’un appartement pouvait être pensé/conçu de façon autonome. C’est à dire sans prendre en compte son inscription dans un environnement plus vaste; notre vécu, nos influences, nos modes de vie, notre époque. L’intérieur se nourrit de l’extérieur. Il se nourrit de nous. De vous. L’habitat est le refuge de notre vie privée, de notre intimité. Et son design est un tout. Personnel. Culturel. Unique.

L’habitat

reflet de l’individu et de sa complexité

La question de l’habitat ne peut, à mes yeux, se résumer à la seule idée d’un aménagement des espaces intérieurs. La structure même de l’environnement privé concerne à la fois la sphère du dedans mais aussi celle du dehors. Ce qui compose le dedans renvoie inéluctablement à l’existence du dehors et inversement. Selon le rapport qu’entretient l’individu avec l’environnement extérieur, sa vie sociale couplée à son identité et ses perceptions sensorielles, mais aussi à sa représentation du monde et à son affect, l’habitation peut devenir un espace de mise en scène et de décor servant à manifester son statut, dire ce à quoi on prétend, témoigner de ses valeurs, de ses goûts et de ses aspirations. C’est cet ensemble complexe que je m’efforce d’identifier avant que de commencer la réflexion sur la forme du lieu et sa typologie.

L’habitat 

comme environnement d’intimité

L’habitat est marqué par l’intimité de celui ou de ceux qui l’occupent. On est chez soi lorsque l’habitat ne peut pas être celui d’un autre car la manière de vivre et les identités des habitants s’y imprègnent. Il est teinté des différentes facettes, y compris les moins conscientes, de l’individu. L’un des facteurs de complexité provient néanmoins de ce que l’identité elle-même est influencée par les modes, les contraintes sociales et la pulsion conformiste.

In fine, l’habitat témoigne à des degrés divers de l’équilibre entre la dimension sociale et l’habitat comme régulateur de soi, selon les usages du lieu, le choix et la charge affective des objets présents, l’ordre et le désordre, le visible et l’invisible, l’harmonie ou la discordance, l’austérité ou l’abondance, les conventions, etc. Chaque action d’aménagement doit donc, à mon sens, reposer sur une écoute attentive de ce qui fait partie des rites, habitudes, désirs, protections, etc, qui forment la relation de l’habitant avec son environnement.

Le Design Global d’espace privé doit donc se nourrir, modestement, d’architecture, de design, de décoration, d’anthropologie, de sociologie et de psychologie. Avant de penser l’espace, j’échange intensément avec ceux qui vivent ou y vivront. Tout part de l’habitant.

Les objets, 

véhicules de l’existence

Les objets permettent l’expression de ce que nous sommes. Ils sont des outils offrant la possibilité de dire quelque chose de soi. Posséder un objet revient en partie à s’imprégner de ses qualités, de son histoire et du sens qu’il renferme. Cela concerne aussi les objets dépourvus de qualité esthétique, ce dernier aspect étant délaissé au profit de l’usage pratique. En revanche, j’estime que tout objet est fonctionnel, y compris celui que l’on croirait purement décoratif, car il dispose au minimum d’une fonction mémorielle, un archivage externe en quelque sorte, permettant de conserver des souvenirs et des émotions qui peuvent être réactivés par le simple fait de les regarder.

Les objets, 

véhicules d’émotions

L’envie de faire entrer chez soi certains objets peut être aussi motivée par leurs qualités esthétiques, et par les émotions qu’ils procurent, par l’intermédiaire de nos sens, selon leur style architectural, ornemental et décoratif. Souhaiter s’entourer de certains objets, c’est être séduit par les associations d’idées inscrite dans la forme et le symbole qui s’en dégagent. Au-delà de la dimension symbolique, une grande variété d’objets nous fait bien sûr vibrer par les émotions qu’ils suscitent en nous du fait de leurs pouvoirs expressifs figuratif ou non figuratif.

Deux aspects de notre relation aux objets me touchent et m’inspirent particulièrement. Tout d’abord, notre aptitude naturelle à desseller dans les objets des analogies au monde du vivant, de la faune et de la flore, au travers des formes, idées, couleurs et matières. Par ailleurs, le pouvoir d’attraction de l’objet est renforcé lorsqu’il est le fruit d’un travail artisanal où le corps et le geste ont été mis en action pour sa réalisation. L’artiste/l’artisan, s’empare de la forme et de la matière et la façonne. L’objet se forme et entre en communication pendant son élaboration avec son auteur. Ce dialogue entraîne des empreintes et des irrégularités vibratoires qui nous placent en quelque sorte face à « l’âme » de son concepteur.

Les objets, 

partenaires

L’objet est un accompagnant de l’existence. Tant sur le plan fonctionnel, émotionnel et esthétique. Tout l’objectif du « Design » est de faire entrer en dialogue la fonctionnalité pratique et mémorielle avec la dimension émotionnel et esthétique et de veiller à faire de l’objet une extension des caractéristiques de l’individu, assurant ainsi l’harmonie entre l’utilisateur, dont il est au service, et l’objet.

Pour assurer l’harmonie entre l’habitant et l’environnement, il s’agit donc de défier le hasard et veiller aux choix des objets, des matières utilisées, des couleurs et de la lumière choisie, tout en veillant à ce que l’ensemble ne donne pas le sentiment d’avoir été composé et pensé, mais est à l’inverse d’être le fruit naturel de l’existence de l’habitant.

Mes aspirations

Permettre à l’habitant de se sentir bien car véritablement chez lui par la matérialisation d’un environnement qui soit le reflet de son identité tout en ayant pour objectif constant de lui offrir un lieu authentiquement beau.

Proposer des environnements architecturés, décorés & ornementés pour satisfaire la nécessité de vivre ses besoins, ses désirs et sa vie sociale pleinement.

Constituer les enveloppes protectrices face à un environnement extérieur parfois hostile en veillant à intégrer en particulier des évocations de paix, des sensations de douceur, de confort, d’harmonie et de générosité.